Comme tous les autres courants musicaux, le Gothique s’est bâti sur un champ de ruines — sur les trajectoires brisées de ces artistes qui, malgré leur talent, n’ont jamais trouvé leur public et restent aujourd’hui les grands absents des compilations et des best-of.
Le temps d’un single, d’un album ou de quelques disques épars, ces oubliés de la crypte ont incarné une voie possible, mais hélas restée sans lendemain.

Et pourtant, tout semblait jouer en leur faveur.
Chacun d’entre nous garde le souvenir ému de cette découverte fulgurante : un groupe qui, en un éclair, semblait tout comprendre, tout capturer — l’essence d’un mouvement, l’alchimie d’une époque — et qu’on se surprend, des années plus tard, à être le seul à chérir encore.

Comment refermer cette série consacrée au Gothique sans leur rendre hommage ?
À ces fantassins de l’ombre, soldats de la guitare électrique, des boîtes à rythmes et des claviers funèbres. Certains existent toujours, tenaces et discrets. D’autres ont disparu corps et biens, avalés par le silence.
Mais tous méritaient d’être évoqués.

Alors non, nous ne pourrons pas tous les citer. Mais ce volume, résolument subjectif et forcément incomplet, entend réparer — ne serait-ce qu’un peu — cette injustice, en braquant la lumière sur trente formations à redécouvrir.